mardi 15 novembre 2011

Mon ami

Je voulais laisser un deuxièmecommentaire à Dorham mais il aurait été trop long. Le débat est vachement philosophique et donc loin d’être ma tasse thé, ce liquide imbuvable. Allez lire Dorham sinon vous ne comprendrez rien à mes propos.

Dorham, me répondant, a écrit, à propos de l’amitié : « Je crois simplement qu'elle exige une forme de don. Le partage d'une même condition. Je crois que l'on confond nos relations amicales, nos affinités, avec l'amitié véritable, comme on confond très souvent la passion amoureuse avec l'amour véritable. »

Je ne suis pas d’accord, il y met trop de force. Peut-être confond-il l’amitié avec une forme d’amour viril qu’on pourrait avoir… Je n’aime pas mesurer l’amitié ou mettre des degrés d’amitié mais peut-être faut-il le faire. Dans sa définition, il faudrait placer un curseur pour définir le moment auquel on passe de « relation amicale » à « amitié véritable » ce qui me semble impossible.

Celui qu’on pourrait appeler « mon meilleur ami » est un copain depuis près de 35 ans, nous avions tous les deux 11 ans quand on s’est rencontrés.

A 18 ans, j’ai quitté la maison pour aller étudier et à 21 ans j’ai commencé à travailler. Lui à glandouiller des années avant de trouver une formation puis un métier, à Loudéac, qui lui convenait. C’est probablement après que notre amitié s’est développée, au point de partir en vacances ensemble systématiquement et tout ça, et surtout, maintenant qu’il n’habite plus Loudéac, mais y travaille, on se voit toujours au bistro, comme quand on avait 18 ans, quand je rentre toutes les trois semaines. Et on ne se dit pas grand-chose à part des conneries de comptoir, parce qu’on se comporte comme si on s’était vus la veille.

Il n’y a aucun don entre nous, on ne partage pas du tout la même condition. J’ai un niveau de vie largement supérieur au sien (j’ai un bien meilleur revenu et j’ai fini de payer mon appartement) mais je suis plus flambeur. Je ne lui donne rien parce que ça impliquerait une forme de soumission de lui à moi dont on ne pourrait, en aucun cas, faire abstraction, ni lui, ni moi. Il y aurait une exigence de fidélité, d’exclusivité intenable.

C’est d’ailleurs peut-être ce qui différencie l’amitié de l’amour. L’amitié n’impose pas d’exclusivité tout comme l’amour n’impose pas de réciprocité.

J’ai bon, là ?

16 commentaires:

  1. Mais je ne dis pas que cette relation que tu vis n'a pas de valeur. J'ai évidemment restreint l'amitié à des critères absolus, en concevant l'image de ce qu'elle est lorsqu'elle est sublimée, c'est à dire quand elle est total désintéressement. Il est bien évident que l'idée de soumission exclut toute possibilité d'amitié vraie. Tout comme il est évident que tu identifies dans l'amitié que tu décris des limites, des failles, même très fines, qui te permettent de mettre une distance entre ton existence et la sienne.

    Dans ce que je décris, il y a bien entendu la conception d'un idéal chrétien. J'en ai bien conscience.

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  2. C'est mon côté "athée fini" qui m'empêche de philosopher...

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  3. Il y a des philosophes athées tu sais...

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  4. (n'étant pas littéraire, je ne PEUX pas philosopher ailleurs qu'au comptoir, ce qui est déjà pas mal).

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  5. Gilles s'en fout carrément, il ne fait pas de différence, t'es son pote et il est le tien

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  6. Jacques,

    Oui, il s'en fout et moi aussi.

    J'ai dit "Je n’aime pas mesurer l’amitié ou mettre des degrés d’amitié" et "Celui qu’on pourrait appeler « mon meilleur ami »".

    Je ne classe pas les potes. J'ai pris Gilles parce qu'il ne lit pas les blogs et ne fréquente pas la Comète (contrairement à une partie de mes lecteurs...).

    Seul Karine et toi (peut-être Fabienne), en fait, étaient susceptibles de lire ce billet.

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  7. OUtre le fait que je viens de me rendre compte que je n'étais pas encore abonné à ton blog perso, ben... Je trouve qu'il est magnifique ce billet.

    C'est tout

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  8. Encore un blog ? mais c'est de la folie furieuse !


    "il y a des philosophes athées tu sais... " (Dorham)
    "ma tasse thé, ce liquide imbuvable."(Nicolas)


    Ces philosophes athées, ces liquides imbuvables..

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  9. Oui, bon, hein. (vite, une tasse de thé !)

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  10. Une bière à cette heure là ? Quelle horreur !

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  11. L'amitié il me semble que ce sont les sentiments que peuvent éprouver les unes pour les autres des personnes, quand elles réussissent à communiquer "d'humanité à humanité" ... Pour cela il faut que tombent certains masques - pas forcément tous - derrière quoi elles se cachent d'habitude, pour se protéger. Les masques sont sociaux ou personnels. La communication peut se faire sur des registres très variés : l'échange de propos, une activité culturelle ou sportive ... ou même rien du tout : "être ensemble" ... Il me semble que de toute façon, cette communication s'établit, comme dans l'amour ou le rejet, d'inconscient à inconscient ... C'est sûrement mieux ainsi.
    Et aussi, cette communication ne s'établit pas forcément pour toujours: chacun évolue à l'intérieur ... Egalement, les circonstances séparent les personnes : l'amitié a été un beau moment - en montagne, on vit des jours magiques parfois ainsi, puis on redescend et on repart chacun dans le tourbillon de la vie, pour ne plus se revoir ...
    Belle journée.

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  12. Parce que c'était lui, parce que c'était moi...
    http://pascalitsa.unblog.fr/2006/10/04/parce-que-cetait-lui-parce-que-cetait-moi-de-montaigne/

    Très intéressante réflexion.

    Pour autant, je ne suis pas sûre qu'il faille être de la même condition. Pourquoi cela?

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