Mes vacances s’organisent. Comme chaque année, je pose
petite touche après petite touche sans avoir de plan précis mais un objectif
global : une espèce de tour de France des copains avec une virée en Belgique
et une fin probable à l’Université d’Eté du Parti Socialiste. La première
pierre est posée : un week-end, avant les vacances, avec un gros noir,
chez Didier Goux. Néanmoins,
un premier problème se pose : je n’ai pas de voiture. Ca va faire trois
ans (le troisième été sans voiture) pour des raisons que j’ai racontées par
ailleurs.
En y pensant, je me suis rappelé « toutes » les
voitures que j’ai eues depuis mes dix-huit ans et que je ne n’avais pas fait de
vrai billet, ici, depuis bientôt 5 mois. Nostalgie ?
Petit, comme bout de mômes, je jouais beaucoup aux « petites
voitures » et j’aimais bien les voitures de mes parents. De mon père,
devrais-je dire, c’était toujours lui qui s’en occupait… Au plus loin que
remontent mes souvenirs, mes parents avaient une Citroën ID (une espèce de DS bas
de gamme pour ceux qui ne connaissent pas) et une 2ch. Vers 1975, de mémoire,
on a eu un petit d’accent à Saint Brieuc et l’ID a rendu l’âme… Le châssis
était plié. Dans l’urgence, mon père a acheté une CX, ce qui n’était pas dans
ses plans initiaux. Nous étions trois enfants, pour pouvoir circuler avec les
grands-mères, les chiens, les bagages, il fallait une voiture plus grande mais
il n’y avait rien de satisfaisant sur le marché, à l’époque. En 1976, je crois,
Citroën a lancé la CX Break Familiale et Peugeot une 505 équivalente. Je crois
qu’on a acheté la CX Break Familiale en 1976 ou 1977 (de mémoire, c’était peut-être
un peu après).
Pourquoi je vous raconte ça ? Pour fonder de décor d’une
famille provinciale à la fin des années 70 mais aussi parce que, quand j’ai eu
16 ou 17 ans et donc l’âge de conduire avec mon père (je ne parle pas de l’âge
légal, c’était bien entendu interdit), j’ai fait mes premières armes avec une
2cv et ce monstre, ce veau, qu’était la CX Break. J’ai notamment passé des
heures à faire des manœuvres sur le parking de la pointe du Blaire avec ce
tank.
Du coup, quand, vers 18 ans, je me suis pointé à l’auto
école, je n’avais aucune difficulté à faire des manœuvres et à conduire. Mon moniteur
a constaté que je serai près à passer le permis au bout de 15 leçons et nous
primes rendez-vous pour le 15 juin 1984. Le 7 juin, je me suis rendu compte que
c’était le jour de mon bac philo. J’ai donc appelé l’autoécole qui m’avait un
créneau pour le 8 suite au désistement de quelqu’un. Je suis donc finalement
allé passé le permis au bout de 13 leçons en étant prévenu moins de 18 heures
avant…
Pendant l’épreuve, j’ai failli avoir un accident très grave :
un imbécile avait débouché à fond en marche arrière d’un sens unique. C’est l’inspecteur
qui a réussi à freiné. Je me rappelle de son expression. Il était livide. Il m’a
déclaré : « c’est un miracle que je l’ai
vu et que j’ai eu le réflexe ; à une demi-seconde près, nous étions mort ».
Comme il avait vu que je me démerdais bien, il a mis fin immédiatement à l’examen
et m’a donné mon papier rose. Ca fait 28 ans (et presque un mois) et ça ne nous
rajeunit pas.
A noter que j’ai un mauvais souvenir de cette époque, des
leçons de code, des leçons de conduite (malgré la sympathie des moniteurs)…
Tout le monde me paraissait globalement incompétent… et je considérais l’autoécole
comme une bande de voleurs. Notamment, c’était la secrétaire qui nous donnait
les leçons de code et elle n’avait pas un QI à trois chiffres. Il n’empêche qu’à
cette époque, le but des autoécoles étaient de permettre à des jeunes d’apprendre
à conduire pour passer le permis… et c’était très bien. C’est vite parti en
couilles, ensuite. Je me souviens de copains et de ma petite sœur qui ont passé
le permis au cours des années suivantes. Les règles avaient changé et il est
devenu trop difficile de passer le permis. La conduite accompagnée, introduite
fin 1990, je crois, a amélioré le système mais je ne crois pas que ça soit
parfait.
La première année « scolaire » après le permis s’est
bien passé mais nous étions quatre chauffeurs pour deux voitures (en gros, ma
mère, mon frère et moi, on se partageait la 2ch). Mon frère était étudiant à
Rennes et moi à Vannes, on arrivait à se débrouiller mais la situation était un
peu tendue, certains week-ends et pendant les vacances, on s’engueulait un peu…
Mon père a fini par se décider d’acheter une troisième voiture.
Un jour, je suis arrivé à la maison, il y avait une Citroën LNA
11E garée devant. C’était la voiture de démonstration que mon père avait
rachetée à la concession pour « une bouchée de pain ». Je me rappelle
de quelques heures passées dans la voiture, ce premier soir, à bien lire la
notice et tout ça… On est cons quand on est jeunes… J’ai longtemps considéré
cette voiture comme la mienne alors qu’elle était plus utilisée par mon frangin
qui faisait beaucoup plus de route. Cette année là, l’année scolaire 1985-1986,
je roulais essentielle avec la 2cv.
La LNA 11E était très bien. Elle avait un énorme avantage :
elle avait un « joli moteur » (la plupart des petites voitures de l’époque,
n’avait pas 1,1 litre sous le capot) et elle était très légère. Ce qui fait que
j’arrivais à démarrer plus vite que la plupart des branleurs qui avaient des
voitures plus puissantes. Je me rappelle avoir grillé un type avec un BMW sur
la rocade de Loudéac, ça m’avait fait rigoler.
Je ne sais plus trop bien pourquoi mais elle était devenue « à
moi » (j’en étais le conducteur principal) mi 1988.
Entre temps, la situation était devenue invivable pour ma mère.
Mon frangin prenait la LN la semaine et moi la 2ch. Il ne restait plus rien à
la maison. Du coup, mon père a acheté ce qu’il y avait le moins cher sur le
marché, une Fiat Panda, voiture qui était également très bien pour un jeune con
comme moi, elle me permettait de rouler allègrement à 130 sur la 4 voies
limitée à 110 quand je suis devenu étudiant à Nantes (il nous fallait à l’époque
deux voitures fiables puisque mon frangin et moi étions étudiants assez loin).
En 1987 ou en 1988, mon père a remplacé sa CX par une
Renault Espace (à l’époque c’était particulièrement innovant) et il a acheté,
un peu après, peut-être, une Renault 5 mais j’ai oublié les circonstances :
était-ce quand la 2cv a rendu à l’âme ou quand ma petite sœur a eu le permis ?
Je ne sais plus si à une époque, nous n’avions pas cinq voitures : l’Espace,
la 2cv, la R5, la Panda et la LN… Au fond, c’était très peu important pour moi
puisque dès fin 1987, j’allais bosser à Paris pour un peu moins de trois avant
le service militaire (dans le blog, j’ai raconté une période de trois mois à l’été
1988 où on bossait à Vannes mais nous avions des voitures de service).
Vers octobre ou novembre 1990, j’ai recommencé à bosser en
Province. Il me fallait une voiture. Six ans et demi après le passage du
permis, j’ai décidé d’acheter une voiture. Même si je n’avais que 24 ans, j’ai
décidé de me rabattre une ZX Reflex 1,4L, une voiture de bon père de famille.
Je crois me souvenir que lors de l’achat, mon père m’avait donné la LN que je
puisse bénéficier de la « reprise constructeur ».
Je n’ai gardé cette voiture qu’un mois. Quand je l’ai reçue,
j’étais extrêmement déçu par son faible niveau d’équipement : visiblement,
le modèle que j’avais essayé était « toutes options » mais le
commercial ne m’avait vendu aucune option. Le commercial a fait deux erreurs :
comme geste commercial, il m’a offert un autoradio et un essuie glace arrière.
L’autoradio fourni était une vraie merde, sans même la FM… et j’ai découvert
que l’essuie glace était de série. Il avait commis le tort de mentionner le
cadeau dans le bon de commande. Un courrier à la direction commerciale de Citroën
et une semaine après, je recevais une nouvelle ZX, correspondant à mes
attentes.
Je m’égare mais à cette époque, j’étais devenu un si fin
négociateur, en ayant beaucoup appris et beaucoup réfléchis à cette histoire
que je gagnais une fortune sur certains achats que je faisais (j’ai perdu la
main vers 1995).
Le tournant est arrivé moins de deux ans après. J’avais
certes une voiture parfaite, d’une tenue de route exceptionnelle (c’était une
des premières avoir les roues arrières directrices) mais elle restait « terne ».
D’ailleurs, jusqu’à environ 2000, toutes les Citroën se sont démodées très
rapidement. Celle que je voulais acheter, alors, au printemps 1993, ne
dérogeait pas au principe. Lors de l’annonce de la sortie de la Xantia, par Citroën,
j’avais décidé d’en acheter une.
Je me suis donc pointé à une journée porte-ouverte pour sa
présentation et je suis tombé sur le même commercial… qui m’a reconnu. Je lui
ai fait part de mon envie. Il m’a dit « Hé !
Je te connais, tu vas encore regretter ton achat, tu ne vas pas acheter une
familiale à 27 ans… » « Heu… »
« Voila ce que je te propose : tu passes
me voir lundi à Pontivy, là, un samedi, je suis débordé avec la journée
porte-ouverte et on discutera mieux. »
Je me pointe dans son bureau le lundi et il me montre une
voiture sur le parking. Il m’explique qu’il l’avait vendu à deux petits vieux
mais que compte tenu de la forme des sièges, la dame avait beaucoup de mal. Il
leur fallait donc changer en urgence et ils avaient opté pour une Xantia. Mais,
ils ne l’avaient que depuis trois ou quatre mois, la changer comme ça leur coûterait
beaucoup trop cher puisque Citroën n’offrait qu’un prix dérisoire. Il m’a donc
proposé le deal suivant : il négociait avec Citroën pour l’achat de la
Xantia des braves gens avec la reprise de ma ZX et il me vendait leur voiture avec
une légère décote, moins la reprise de ma voiture tout en ôtant du prix toute
la marge de négociation qu’il pouvait obtenir auprès de la concession et auprès
de Citroën pour la vente de la Xsara. Vous m’avez suivi ? Non ? Pas
grave… Je lui enlevais une épine du pied en lui permettant de « sauver les
vieux » tout en obtenant une voiture quasiment neuve, à son juste prix même
si la voiture n’était pas cotée, tout en bénéficiant, en plus, de la marge
obtenue sur l’autre vente…
Il ne me restait plus qu’à l’essayer mais le gugusse m’a
prévenu : « l’essayer, c’est l’adopter ».
Effectivement, après un trajet d’une vingtaine de kilomètres, je me suis
demandé comment je pouvais ne pas avoir déjà acheté une telle voiture. Je
signais illico avec un petit pincement au cœur : mon père était mort
quelques mois auparavant et c’est la première fois que je prenais une décision
de cette importance sans lui demander son avis.
C’était une ZX Volcane coupée, 2 litre injection. 1600 km au
compteur. 122 chevaux. Ma première vraie voiture (malgré une LN que je
considérais comme m’appartenant et deux autres ZX).
Quelques mois après, ma mission en Bretagne s’arrêtait et je
recommençais à bosser à Paris. En lointaine banlieue Parisienne, pour être plus
précis, alors que j’allais décider d’acheter au Kremlin-Bicêtre. C’est ainsi
que je faisais 35 kilomètres deux fois par jour pour le boulot et que je
rentrais en week-end en Bretagne tous les week-ends, soit deux fois 430 km. La
première année, j’avais fait 55 000 kilomètres. 60 000 la deuxième
et, à peu près autant la troisième, au cours de laquelle je recommençais à
travailler dans Paris. Fin 1996 ou début 1997, il a fallu que je change un peu
de mode de vie : ce n’était plus possible d’aller au travail en voiture et
de rentrer en Bretagne toutes les semaines (je suis passé à « toutes les
deux semaines » puis, rapidement, à mon rythme actuel : « toutes
les trois semaines). Puis, je me suis fait à l’évidence : quitter Paris en
voiture le vendredi soir était une galère, c’était devenu beaucoup plus facile
de rentrer en train.
Ainsi, je me suis retrouvé avec une voiture de quatre ans
avec laquelle j’avais fait 180 000 kilomètres, qui était comme neuve (180 000
kilomètres à vitesse constante sur autoroute soit de province soit de banlieue
n’est pas usant). Je la prenais surtout pour les vacances et roulais toujours
beaucoup.
Je n’ai jamais compris pourquoi, il avait fallu que je
change l’embrayage au bout de 140 000 kilomètres. Vu la conduite que j’avais
(de longues distances), c’était surprenant. Ce sont les seuls frais importants
que j’ai eus, d’autant qu’ensuite, j’ai arrêté de faire l’entretien dans les
concessions Citröen. La fixation de l’alternateur a rendu l’âme vers 200 000
kilomètres et un copain a passé pas mal d’heures à réparer ça puisqu’il a fallu
« re-tarauder le pas de vis » ou un truc comme ça. Ca lui a couté
cinq ou six heures (et ça m’a couté un restaurant). Vers 180 000 kilomètres,
j’ai eu pas mal de problèmes d’électronique : un capteur « de pas à
pas » qui déconnait. La voiture callait tout le temps. Ca a duré six mois,
jusqu’au jour où je me décide à aller au garage. L’électricien a branché ma
voiture sur un ordinateur, cliqué sur un truc et je n’ai plus eu aucun
problème. Vers 240 000 kilomètres, il y a une bougie que je n’arrivais
plus à changer, il aurait fallu faire des investigations avec un mécano
meilleur que celui qui me faisait l’entretien courant.
A 260 000 kilomètres fin 2001, j’avais un contrôle
technique à faire. Il me fallait changer les quatre pneus, les amortisseurs et
quelques bricoles sans compter la courroie de distribution qu’il aurait fallu
changer l’année suivante, ma bougie récalcitrante à mettre au pas, … J’ai donc
pris à regret la meilleure solution qui s’ouvrait à moi : remplacer ma
voiture.
Je me suis donc pointé un samedi dans un machin d’occasions
récentes de chez Citroën. J’ai expliqué ma situation au gars qui ne pouvait pas
grand-chose pour la reprise de ma ZX (il m’a même fait comprendre que c’était
plutôt un boulet pour lui). Il n’empêche qu’il m’a proposé une voiture de même
type, une Xsara VTS 2.0, 138 chevaux de 10 000 kilomètres, pour un montant
exactement identique de ce qu’il m’avait fallu payer pour la ZX près de 10 ans
avant mais avec un équipement bien supérieur (sans compter la puissance
supplémentaire) : GPS, radar de recul, allumage automatique des feux,
essuie glace automatique (et j’en passe, mais ce sont des machins que je ne
retrouve pas systématiquement dans les voitures de locations que je prends
aujourd’hui, ce qui montre que le progrès n’est pas si rapide).
J’ai bien aimé cette voiture aussi. Peut-être pas autant que
la ZX mais bon… Peut-être pas aussi speed mais beaucoup plus stable à grande
vitesse alors qu’après 180 kilomètres heures, la ZX devait être tenue à deux
mains. J’ai poussé la Xsara à près de 200, elle ne bougeait pas. Rassurez-vous,
je ne suis pas taré, je n’ai fait aucune pointe de vitesse avec la Xsara en France
et, avec la ZX, c’était toujours des accidents. De toute manière, à partir de
2002 ou 2003, ça a commencé à craindre de faire des conneries.
J’ai beaucoup moins roulé avec la Xsara qu’avec la ZX même
si à l’occasion d’un changement de job, j’ai recommencé à aller en Bretagne
avec…
A un retour, en novembre 2009, le pot d’échappement s’est
cassé la gueule… et j’étais en retard pour le contrôle technique. Les aléas de
la vie Parisienne étant là, je travaillais loin de chez moi et ne pouvais
trouver de temps pour faire les réparations en semaine, comme je faisais jusqu’en
avril 2008 (j’avais un garage près du boulot). J’ai donc « tardé »
dans la réparation… et pris l’habitude de prendre des voitures de locations. C’était
très bien. En fait, je me suis rendu compte que je n’avais plus confiance dans
la Xsara depuis qu’elle avait perdu son pot d’échappement sans crier gare.
Prendre des voitures de location était devenu un confort, je partais en
sécurité et n’avais plus à m’occuper de l’entretien (c’est très chiant en
banlieue Parisienne quand vous bossez loin…).
Aux vacances de Noël 2011, deux ans après donc, en discutant
avec un pote, je me suis rendu compte qu’il avait besoin d’une voiture et que j’en
avais une : je la lui ai donné à condition qu’il s’occupe de tout. Le
rapatriement en Bretagne (par un pote) et les réparations (par le même pote)
lui ont coûté moins de 1500 euros, l’heureux homme.
Et je me rends compte qu’on vit très bien sans voiture.
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