lundi 30 janvier 2012

Début de carrière (fin)

Je ne sais pas pourquoi j’ai entrepris de raconter ici le début de ma carrière professionnelle, mais il me faut maintenant finir. J’avais commencé par un billet avec « mon » passage à l’Euro, puis le tournant de l’année 1996 avec une partie de ce que j’avais jusqu’à 2003. J’ai poursuivi, jeudi, avec mes premiers boulots, et vendredi avec l’année de mon service militaire. Après ce dernier, je suis revenu dans mon cabinet de conseil avec un statut d’ingénieur en informatique, en octobre 1989.

Ma boite développait le logiciel pour les distributeurs de pognon pour une douzaine de caisses régionales de la plus grande banque Française pour les automates de quatre constructeurs à l’époque. Une autre banque avait acheté ce logiciel et une équipe de ma boite avait en charge de le faire évoluer pour s’adapter aux spécificités de cette banque. Pour ma part, avec un gugusse, j’avais en charge d’adapter le logiciel de la deuxième banque à un cinquième constructeur. Pour différentes raisons, je bossais néanmoins avec les équipes qui travaillent pour la première banque.

J’espère que vous avez tout compris, sinon ce n’est pas très grave.

Je faisais du développement en langage C et les automates fonctionnaient sous MS-DOS. Il me fallait adapter la partie du logiciel qui activait les différents périphériques : lecteur de cartes, imprimante ticket, … Nous étions deux pour ça et avions presque un an devant nous. Autant qu’on a passé un sacré temps à glander ! Compte tenu de la conception de la chose, il y avait au maximum deux mois de boulot…

J’étais donc devenu un champion à Tétris… et j’ai pu me former à un tas de technologies, tel que le C, le développement pour DOS et X25 (à noter que techniquement, je suis resté planté à cette époque, par exemple, je ne connais pas les langages, OS et protocoles de communication ultérieurs !).

En même temps que moi est arrivé un représentant du client de l’autre équipe. Il venait de Bretagne trois jours par semaine avec nous. Une structure juridique spécifique avait été créée pour s’occuper du développement de ce logiciel, appartenant à 12 caisses régionales de la banque. Il en était le gérant. Il m’avait à la bonne, en temps que jeune Breton. Comme je ne bossais pas pour lui (mais pour l’autre banque), il s’en foutait totalement que je glande.

Déjà, à cette époque, j’arrivais vers 8 heures au boulot et partait à 18 heures. Je faisais plus d’heures que tous (à jouer à Tétris). Le gugusse avait un appartement dans le coin et moi aussi. De fait, nous avons sympathisé et passions au moins une soirée par semaine au bistro, parfois deux (mais il n’y avait pas vraiment de bistro où nous avions accroché, dans le coin).

Il a rapidement repéré qu’il y avait un tas de glandus, dans l’équipe, et qu’ils faisaient appel à moi quand ils avaient une difficulté ponctuelle. Je le disais dans un précédent billet, mes collègues n’étaient pas informaticien vu qu’il y avait peu d’école d’informatique à l’époque, le gros de la troupe était ingénieur en chimie… J’étais le seul un peu doué, vu que j’avais ça dans le sang depuis tout petit.

Pendant l’année, les développements se sont terminés. Maintenir une équipe importante n’était plus nécessaire. Le client (la société regroupant 12 caisses régionales) a décidé de reprendre la maintenance à son compte et a demandé à ma boite des ingénieurs pour former les siens.

C’est ainsi qu’en septembre ou novembre 1990 (j’ai oublié le mois exact, ce qui ne me ressemble pas mais n’a aucune importance…), je suis retourné travailler à Vannes puisque la structure de la banque où j’étais déjà intervenu avant mon service avait été retenu pour prendre la gestion opérationnelle de la société.

Un autre gugusse de ma boite est venu avec moi et deux autres nous ont rejoints temporairement par la suite.

J’avais dit que je ne parlerai plus de pognon. Il n’empêche que ce déplacement à Vannes a duré près de trois ans, que j’étais logé chez les parents et que je touchais une indemnité de déplacement de l’ordre de 300 euros par mois. Ainsi, j’avais un bel apport quand j’ai acheté l’appartement, fin 93. Nouvel épisode de chance incroyable dans ma carrière.

Rapidement, je me suis retrouvé responsable de la maintenance d’un logiciel pour une gamme de matériel que je ne connaissais pas, avec un système d’exploitation qui m’était totalement inconnu, c’était un logiciel entièrement différent de ceux sur lesquels j’avais déjà bossé. Une dizaine de caisses régionales l’utilisaient de même que d’autres petites banques extérieures au groupe.

Du coup, je bossais réellement beaucoup, pour la première fois de ma vie, avec des déplacements dans toute la France. Vannes n’étant pas spécialement au centre de la France, ces déplacements n’étaient pas simples. Je me rappelle d’une fois où il avait fallu que j’aille en urgence à Dijon. J’avais réussi à prendre un avion à Lorient ou Nantes pour Bordeaux puis un coucou pour Dijon. Au retour, j’étais passé par Toulouse (à cette époque, je crois que la ligne SNCF entre Quimper et Redon n’était pas encore électrifiée, il n’y avait donc pas de TGV).

Le plus beau déplacement que j’ai fait été pour Tahiti, en mai 1993. J’en avais profité pour prendre une semaine de vacances…

Progressivement, les collègues de ma SSII sont partis et, pendant deux ans, je me suis retrouvé tout seul à m’occuper des logiciels de deux gammes bien différente (un en Pascal avec un OS bizarre, un en C sous MS-DOS). La banque avait bien formé une équipe, mais deux n’était pas bon et le troisième débutait. Le quatrième, que je connaissais depuis 1987, était occupé par les relations avec les fournisseurs, de validation de document, … Un des pas bons était officiellement chef de projet mais je me tapais le boulot, étant le seul à connaître (d’autant que lui était submergé de tâches organisationnelles que lui confiait le grand chef).

C’est ainsi que vers 25 ans, je me suis retrouvé chef de projet, unique développeur, unique mainteneur, unique rédacteur de spécifications et unique interface avec les clients, pour deux applications pour distributeur de pognon. Personne n’y voyait rien de mal, tout fonctionnait correctement… J’étais toujours très rapide et méthodique tout en étant toujours impulsif.

Tiens ! Pour que vous compreniez bien… J’ai mis 35 minutes pour créer ce blog avec, outre la mise en page, la blogroll, le premier billet de test, le paramétrage des commentaires, … le dépôt du nom de domaine, le routage des flux vers FeedBurner, la publication automatique sur ma page Facebook, la création d’un compte Twitter associé et la diffusion automatique des billets sur ce compte (et sur un autre). Il suffit d’être méthodique et d’avoir bien pensé à la cible à l’avance : les différentes actions s’enchaînent.

Pour le boulot, c’est pareil : bien poser la cible et savoir ce qu’on veut, le reste vient tout seul.

Reprenons…

Je n’avais quasiment aucun contact avec mon cabinet de conseil et c’était très bien ainsi.

Malheureusement, le but du jeu était bien que la banque reprenne les développements à son compte. Ma mission s’est arrêtée à l’été. Je suis reparti en région Parisienne.

Quelques mois après, la société a fermé. Rien à voir avec mon départ ! Le groupe bancaire duquel dépendaient les caisses régionales a décidé de diffuser les logiciels de cette boite sur l’ensemble de son parc d’automates tout en en confiant la maintenance et les évolutions aux constructeurs. La structure juridique spécifique à 12 caisses régionales n’avait plus lieu d’être.

Pendant ce temps, un des constructeurs sortait une nouvelle gamme de machine et voulait porter son logiciel dessus, pour « l’offrir » aux caisses régionales en question pour rafler. Comme ma boite était la seule à avoir des compétences dans ce domaine, ils ont raflé le marché et je m’y suis collé, à l’été 1993, dans les locaux de ma boite, dans le 8ème arrondissement. C’était la première fois que je travaillais au siège et ça m’a rapproché de la direction et de collègues qui travaillent sur d’autres sujets, y compris hors informatique.

Parallèlement, ma boite avait continué a développé le logiciel pour l’autre banque dont je parlais plus haut. Les développements étaient terminés et il restait deux personnes pour les petites évolutions. Un des types a fait une grave dépression. L’alcool, c’est mal. L’autre a démissionné vers novembre.

Je suis intervenu en urgence, pendant deux mois, pour former un remplaçant (que je salue maintenant, vu que nous sommes en contact dans Twitter) et recoller des plâtres.

Parallèlement, la première banque a pris la décision que j’annonçais ci-dessus et les constructeurs ont repris a leur compte le logiciel. Le constructeur pour lequel je bossais au siège de ma boîte a décidé de faire appel à mes services pour gérer ce logiciel chez lui vu que j’étais le seul à connaître son matériel et le logiciel en question.

C’était vers janvier 1994 et je me suis retrouvé pour deux ans et demi à Plaisir, au siège de ce constructeur de distributeur de pognon, tout en continuant quelques missions dans « l’autre banque ».

Je n’ai pas gardé un très bon souvenir de cette époque même si j’ai beaucoup apprécié certaines personnes. En fait, j’étais souvent en conflit avec certains zozos (potes ou pas, ce n’est pas la question) pour des questions techniques et c’était usant de devoir se battre. Contrairement à mes précédentes périodes de travail, les gens avec qui je bossais n’étaient pas incompétents mais assez peu ouverts.

Ce n’est pas facile de trouver un exemple puisque le domaine est assez technique mais je vais me lancer, avec une anecdote… Avec mon logiciel, j’avais beaucoup d’incidents de lecture de cartes (à l’époque, on ne travaillait pas avec la puce et la lecture de la piste est rendue délicate par l’encrassage de la puce, du lecteur, …). La carte n’était pas lue et était restituée au client avec un message le prévenant d’un incident technique.

En fait, j’avais dix ou vingt fois plus d’incidents qu’avec les applications développées par les collègues. Toute le monde était persuadé soit que j’avais fait une erreur soit que les matériels de mon client était mal entretenus… On a ainsi passé plusieurs mois à travailler, à chercher l’origine du problème, j’avais réécrit mon programme, l’avait fait audité par des spécialistes… Rien à faire. Je me faisais engueuler par le client et par la hiérarchie…

Un jour, j’ai eu une idée de génie. J’ai outrepassé mes droits et je suis allé voir le code source applications des autres. J’ai découvert qu’ils ne comptabilisaient pas toutes les erreurs de lecture. Mes chiffres étaient supérieurs à ceux des autres uniquement parce qu’ils étaient exacts !

Ainsi, pendant plus deux ans, je me suis battu contre des moulins à vents. Je pourrais multiplier les exemples. J’étais tout le temps sur la défensive et ça me minait, d’autant que mon cabinet de conseil allait relativement mal (il y a eu une grosse crise, dans l’informatique, ces années là).

En outre, pendant cette période, je n’étais pas débordé. Pas du tout. Mais à l’époque, on n’avait pas Internet pour faire les cons pendant les heures de travail (et mon poste de travail était ainsi placé que je ne pouvais pas avoir des jeux à l’écran). C’est aussi très minant.

En plus, ma mission s’est très mal terminée, sur un conflit avec ma boite (le directeur commerciale avait été viré dans la crise) et le constructeur d’automates. Concrètement, suite à la démission d’un gugusse et à l’incompétence de deux développeurs, un autre projet informatique géré par la boite partait en sucette de manière dramatique. J’étais le seul à pouvoir intervenir et ma boite voulait me sortir du projet ce qui a mis le constructeur en colère puisqu’il exigeait que je termine un tas de trucs

Du coup, je me suis démerdé avec les deux projets et ça n’a pas été de tout repos.

L’autre projet était toujours autour des distributeurs de pognon mais avec des technologies que je ne connaissais pas du tout dans un environnement qui m’était totalement inconnu. Il s’agissait de finir une application pour les personnes en charge de gérer les machines dans un environnement Windows avec je ne sais plus quel atelier logiciel imposé par le client.

C’était jusqu’à mai 1996, environ. Outre le fait que j’avais réussi à terminer le projet, j’avais apporté des améliorations considérables au logiciel, notamment dans les performances par rapport aux demandes initiales (un des traitements duraient 15 minutes avant mon intervention, j’avais réussi à le faire passer au dessous des 10 secondes). Le client était bien content et c’est donc naturellement qu’on a été retenu pour faire une grosse évolution.

Par contre, pour une raison que j’ai oubliée, les développements devaient être faits dans les locaux de la SSII que je n’avais pas fréquentés depuis fin 93, sauf pour les pots (ceux que je ne séchais pas). Lors de la crise, la boite avait fermé la moitié de ces bureaux, il ne restait plus que quelques personnes au siège : le commercial, le big boss, la secrétaire générale et la secrétaire tout court… La femme du patron passait à l’occasion (elle était chargée de la paye) de même que les « anciens » et les actionnaires.

J’avais donc mon bureau à côté de celui du bigboss, qui m’avait à la bonne (voir les autres billets). Cet épisode nous a encore plus rapprochés, créant de la jalousie de beaucoup monde. Surtout, j’étais parfois invité à diner « en famille »…

Ca m’a permis aussi de me rapprocher du commercial qui était là depuis peu (c’était un consultant de la boite depuis 4 ou 5 ans qui avait proposé de remplacer un commercial démissionnaire). Nous avons sympathisés (nous sommes toujours potes, c’est la seule personne de l’époque que je vois encore à l’occasion) et, surtout, on a beaucoup bossé ensemble sur des machins commerciaux ou du recrutement pendant les huit ou neufs années qui ont suivi.

La première personne que j’ai eue à recruter était justement pour ce projet de développement. Il me fallait quelqu’un avec des compétences techniques spécifiques. La direction m’avait à peu près laissé carte blanche et c’est une excellente recrue que j’avais prise (ce qu’on a su après, bien sûr). D’ailleurs, on est aussi devenus potes. Il avait 25 ans et débarquait dans la vie active, je lui servais un peu de tuteur et, surtout, la boite étant fermée en aout, nous étions seuls dans les locaux. Le soir, on partait souvent boire des bières avec sa compagne, chez lui ou à la Comète. Quelques années plus tard, ils sont devenus très potes avec un copain à moi mais j’ai perdu tout le monde de vue, con comme je suis…

Je m’en suis sorti. Nous voilà à septembre ou octobre 1996, date à laquelle les aléas des missions ont fait que j’arrêté le développement informatique pour d’autres missions, ce que j’ai raconté dans un autre billet.

Vers mai 1998, mon patron a fini par vendre son petit cabinet de conseil à un groupe de 7 ou 800 salariés. Mon chef est devenu le commercial avec qui j’étais pote. Un peu après, le nouveau grand patron a vendu ses parts dans la société à un groupe mondial et en est devenu le patron Européen.

Ce grand groupe a fini par aller assez mal.

Le « patron Européen » a fini par se barrer, fin 2000, pour créer sa propre boite en rachetant quelques « business units ». Nous nous sommes barrés, à 8, dont mon chef, pour créer une nouvelle boite qui a fini par être rachetée par la nouvelle boite du « patron Européen » dont nous étions « actionnaire au nominal » (on a acheté les actions avant qu’elles soient cotées en bourse).

Fin 2006, mon copain qui était le chef a fini pour se barrer à nouveau pour créer une nouvelle boite. Je n’étais pas satisfait des remplaçants successifs. C’est vers novembre 2006 que j’ai compris qu’ils n’avaient en tête que de nous faire bosser non pas pour gagner des sous mais pour avoir une entité vendable… ce qui a été fait à cette époque.

J’étais très déçu d’apprendre ça en regardant des nouvelles de ma boite, dont j’étais actionnaire. Par ailleurs, le changement de boite s’est assez mal passé, à cause de l’ancienne, d’ailleurs (j’ai passé un tas de temps à résoudre des problèmes administratifs avec les clients…).

J’ai été très déçue par celle qui est devenue ma chef, quelques semaines après l’intégration dans le nouveau groupe et je n’étais pas spécialement adapté au mode de fonctionnement de la nouvelle boite (l’organisation était pas client, pas par métier. Du coup, on n’était plus rattaché à un chef qui faisait du commercial « dans le métier », mais à un commercial sans pouvoir et à un chef qui ne connaissait pas ce qu’on faisait). Les « consultants séniors » (ben oui, j’avais 40 ans…) n’étaient plus intégrés au fonctionnement de la boite : recrutement, commercial, … alors que j’en avais fait beaucoup depuis 1996.

Tout ça a évolué et s’est bonifié mais ma décision était prise : il fallait que je parte. Je ne l’ai pas fait immédiatement parce ma chef a été remplacée par un jeune type sympa qui avait l’air à l’écoute et semblait vouloir réellement s’appuyer sur les consultants séniors…

Néanmoins, quand j’ai eu une opportunité, j’ai sauté sur l’occasion et j’ai à nouveau changé de métier, à 42 ans, après 21 ans de bons et loyaux services au sein de boites de consulting. Ca va faire quatre ans.

10 commentaires:

  1. Ah oui, quand même, ça en fait du bagages et "des" bagages (à faire). C'est marrant de voyager comme ça dans une expérience professionnelle...

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  2. Et il est où le drame, les filles et l'espionnage, là où tu as tout refilé aux japonais parce que tous ces chefs t'emmerdaient, à force ?

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  3. Ca manque un peu de cul toussa non ? (rires)

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  4. @Dominique : ouh là ! ... mélanger le paf et le taf, ça se fait pas ! ... Sinon tu vois ce qu'il arrive ... comme à DSK ... un zizigate ! ...

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  5. @ Nico ... Je comprends pourquoi tu as eu envie d'en faire un roman ... y a matière ! ...:)))

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  6. MHPA, Dominique,

    Pas de cul ! Je suis très pro...

    Apo,

    Et encore, j'ai allégé !

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