Je ne sais pas pourquoi j’ai entrepris de raconter ici le
début de ma carrière professionnelle, mais il me faut maintenant finir. J’avais
commencé par un billet avec « mon » passage à l’Euro, puis le tournant de l’année 1996 avec une partie de ce que j’avais jusqu’à 2003. J’ai
poursuivi, jeudi, avec mes premiers boulots, et vendredi avec l’année de mon service militaire. Après ce dernier, je suis revenu dans mon cabinet
de conseil avec un statut d’ingénieur en informatique, en octobre 1989.
Ma boite développait le logiciel pour les distributeurs de
pognon pour une douzaine de caisses régionales de la plus grande banque
Française pour les automates de quatre constructeurs à l’époque. Une autre
banque avait acheté ce logiciel et une équipe de ma boite avait en charge de le
faire évoluer pour s’adapter aux spécificités de cette banque. Pour ma part,
avec un gugusse, j’avais en charge d’adapter le logiciel de la deuxième banque
à un cinquième constructeur. Pour différentes raisons, je bossais néanmoins
avec les équipes qui travaillent pour la première banque.
J’espère que vous avez tout compris, sinon ce n’est pas très
grave.
Je faisais du développement en langage C et les automates
fonctionnaient sous MS-DOS. Il me fallait adapter la partie du logiciel qui
activait les différents périphériques : lecteur de cartes, imprimante
ticket, … Nous étions deux pour ça et avions presque un an devant nous. Autant
qu’on a passé un sacré temps à glander ! Compte tenu de la conception de
la chose, il y avait au maximum deux mois de boulot…
J’étais donc devenu un champion à Tétris…
et j’ai pu me former à un tas de technologies, tel que le C, le développement
pour DOS et X25 (à noter que techniquement, je suis resté planté à cette
époque, par exemple, je ne connais pas les langages, OS et protocoles de
communication ultérieurs !).
En même temps que moi est arrivé un représentant du client
de l’autre équipe. Il venait de Bretagne trois jours par semaine avec nous. Une
structure juridique spécifique avait été créée pour s’occuper du développement
de ce logiciel, appartenant à 12 caisses régionales de la banque. Il en était
le gérant. Il m’avait à la bonne, en temps que jeune Breton. Comme je ne bossais
pas pour lui (mais pour l’autre banque), il s’en foutait totalement que je
glande.
Déjà, à cette époque, j’arrivais vers 8 heures au boulot et
partait à 18 heures. Je faisais plus d’heures que tous (à jouer à Tétris). Le gugusse avait un appartement dans le coin et
moi aussi. De fait, nous avons sympathisé et passions au moins une soirée par
semaine au bistro, parfois deux (mais il n’y avait pas vraiment de bistro où
nous avions accroché, dans le coin).
Il a rapidement repéré qu’il y avait un tas de glandus, dans
l’équipe, et qu’ils faisaient appel à moi quand ils avaient une difficulté
ponctuelle. Je le disais dans un précédent billet, mes collègues n’étaient pas
informaticien vu qu’il y avait peu d’école d’informatique à l’époque, le gros
de la troupe était ingénieur en chimie… J’étais le seul un peu doué, vu que j’avais
ça dans le sang depuis tout petit.
Pendant l’année, les développements se sont terminés. Maintenir
une équipe importante n’était plus nécessaire. Le client (la société regroupant
12 caisses régionales) a décidé de reprendre la maintenance à son compte et a
demandé à ma boite des ingénieurs pour former les siens.
C’est ainsi qu’en septembre ou novembre 1990 (j’ai oublié le
mois exact, ce qui ne me ressemble pas mais n’a aucune importance…), je suis
retourné travailler à Vannes puisque la structure de la banque où j’étais déjà
intervenu avant mon service avait été retenu pour prendre la gestion
opérationnelle de la société.
Un autre gugusse de ma boite est venu avec moi et deux
autres nous ont rejoints temporairement par la suite.
J’avais dit que je ne parlerai plus de pognon. Il n’empêche
que ce déplacement à Vannes a duré près de trois ans, que j’étais logé chez les
parents et que je touchais une indemnité de déplacement de l’ordre de 300 euros
par mois. Ainsi, j’avais un bel apport quand j’ai acheté l’appartement, fin 93.
Nouvel épisode de chance incroyable dans ma carrière.
Rapidement, je me suis retrouvé responsable de la
maintenance d’un logiciel pour une gamme de matériel que je ne connaissais pas,
avec un système d’exploitation qui m’était totalement inconnu, c’était un
logiciel entièrement différent de ceux sur lesquels j’avais déjà bossé. Une
dizaine de caisses régionales l’utilisaient de même que d’autres petites
banques extérieures au groupe.
Du coup, je bossais réellement beaucoup, pour la première
fois de ma vie, avec des déplacements dans toute la France. Vannes n’étant pas
spécialement au centre de la France, ces déplacements n’étaient pas simples. Je
me rappelle d’une fois où il avait fallu que j’aille en urgence à Dijon. J’avais
réussi à prendre un avion à Lorient ou Nantes pour Bordeaux puis un coucou pour
Dijon. Au retour, j’étais passé par Toulouse (à cette époque, je crois que la
ligne SNCF entre Quimper et Redon n’était pas encore électrifiée, il n’y avait
donc pas de TGV).
Le plus beau déplacement que j’ai fait été pour Tahiti, en
mai 1993. J’en avais profité pour prendre une semaine de vacances…
Progressivement, les collègues de ma SSII sont partis et,
pendant deux ans, je me suis retrouvé tout seul à m’occuper des logiciels de
deux gammes bien différente (un en Pascal avec un OS bizarre, un en C sous
MS-DOS). La banque avait bien formé une équipe, mais deux n’était pas bon et le
troisième débutait. Le quatrième, que je connaissais depuis 1987, était occupé
par les relations avec les fournisseurs, de validation de document, … Un des
pas bons était officiellement chef de projet mais je me tapais le boulot, étant
le seul à connaître (d’autant que lui était submergé de tâches
organisationnelles que lui confiait le grand chef).
C’est ainsi que vers 25 ans, je me suis retrouvé chef de
projet, unique développeur, unique mainteneur, unique rédacteur de
spécifications et unique interface avec les clients, pour deux applications
pour distributeur de pognon. Personne n’y voyait rien de mal, tout fonctionnait
correctement… J’étais toujours très rapide et méthodique tout en étant toujours
impulsif.
Tiens ! Pour que vous compreniez bien… J’ai mis 35
minutes pour créer ce blog avec, outre la mise en page, la blogroll, le premier
billet de test, le paramétrage des commentaires, … le dépôt du nom de domaine,
le routage des flux vers FeedBurner, la publication
automatique sur ma page Facebook, la création d’un compte Twitter associé et la
diffusion automatique des billets sur ce compte (et sur un autre). Il suffit d’être
méthodique et d’avoir bien pensé à la cible à l’avance : les différentes
actions s’enchaînent.
Pour le boulot, c’est pareil : bien poser la cible et
savoir ce qu’on veut, le reste vient tout seul.
Reprenons…
Je n’avais quasiment aucun contact avec mon cabinet de
conseil et c’était très bien ainsi.
Malheureusement, le but du jeu était bien que la banque
reprenne les développements à son compte. Ma mission s’est arrêtée à l’été. Je
suis reparti en région Parisienne.
Quelques mois après, la société a fermé. Rien à voir avec
mon départ ! Le groupe bancaire duquel dépendaient les caisses régionales
a décidé de diffuser les logiciels de cette boite sur l’ensemble de son parc d’automates
tout en en confiant la maintenance et les évolutions aux constructeurs. La
structure juridique spécifique à 12 caisses régionales n’avait plus lieu d’être.
Pendant ce temps, un des constructeurs sortait une nouvelle
gamme de machine et voulait porter son logiciel dessus, pour « l’offrir »
aux caisses régionales en question pour rafler. Comme ma boite était la seule à
avoir des compétences dans ce domaine, ils ont raflé le marché et je m’y suis
collé, à l’été 1993, dans les locaux de ma boite, dans le 8ème arrondissement.
C’était la première fois que je travaillais au siège et ça m’a rapproché de la
direction et de collègues qui travaillent sur d’autres sujets, y compris hors
informatique.
Parallèlement, ma boite avait continué a développé le
logiciel pour l’autre banque dont je parlais plus haut. Les développements
étaient terminés et il restait deux personnes pour les petites évolutions. Un
des types a fait une grave dépression. L’alcool, c’est mal. L’autre a
démissionné vers novembre.
Je suis intervenu en urgence, pendant deux mois, pour former
un remplaçant (que je salue maintenant, vu que nous sommes en contact dans
Twitter) et recoller des plâtres.
Parallèlement, la première banque a pris la décision que j’annonçais
ci-dessus et les constructeurs ont repris a leur
compte le logiciel. Le constructeur pour lequel je bossais au siège de ma boîte
a décidé de faire appel à mes services pour gérer ce logiciel chez lui vu que j’étais
le seul à connaître son matériel et le logiciel en question.
C’était vers janvier 1994 et je me suis retrouvé pour deux
ans et demi à Plaisir, au siège de ce constructeur de distributeur de pognon,
tout en continuant quelques missions dans « l’autre banque ».
Je n’ai pas gardé un très bon souvenir de cette époque même
si j’ai beaucoup apprécié certaines personnes. En fait, j’étais souvent en
conflit avec certains zozos (potes ou pas, ce n’est pas la question) pour des
questions techniques et c’était usant de devoir se battre. Contrairement à mes
précédentes périodes de travail, les gens avec qui je bossais n’étaient pas
incompétents mais assez peu ouverts.
Ce n’est pas facile de trouver un exemple puisque le domaine
est assez technique mais je vais me lancer, avec une anecdote… Avec mon
logiciel, j’avais beaucoup d’incidents de lecture de cartes (à l’époque, on ne
travaillait pas avec la puce et la lecture de la piste est rendue délicate par
l’encrassage de la puce, du lecteur, …). La carte n’était pas lue et était restituée
au client avec un message le prévenant d’un incident technique.
En fait, j’avais dix ou vingt fois plus d’incidents qu’avec
les applications développées par les collègues. Toute le monde était persuadé
soit que j’avais fait une erreur soit que les matériels de mon client était mal
entretenus… On a ainsi passé plusieurs mois à travailler, à chercher l’origine
du problème, j’avais réécrit mon programme, l’avait fait audité par des
spécialistes… Rien à faire. Je me faisais engueuler par le client et par la
hiérarchie…
Un jour, j’ai eu une idée de génie. J’ai outrepassé mes
droits et je suis allé voir le code source applications des autres. J’ai
découvert qu’ils ne comptabilisaient pas toutes les erreurs de lecture. Mes
chiffres étaient supérieurs à ceux des autres uniquement parce qu’ils étaient
exacts !
Ainsi, pendant plus deux ans, je me suis battu contre des
moulins à vents. Je pourrais multiplier les exemples. J’étais tout le temps sur
la défensive et ça me minait, d’autant que mon cabinet de conseil allait
relativement mal (il y a eu une grosse crise, dans l’informatique, ces années
là).
En outre, pendant cette période, je n’étais pas débordé. Pas
du tout. Mais à l’époque, on n’avait pas Internet pour faire les cons pendant
les heures de travail (et mon poste de travail était ainsi placé que je ne
pouvais pas avoir des jeux à l’écran). C’est aussi très minant.
En plus, ma mission s’est très mal terminée, sur un conflit
avec ma boite (le directeur commerciale avait été viré dans la crise) et le
constructeur d’automates. Concrètement, suite à la démission d’un gugusse et à
l’incompétence de deux développeurs, un autre projet informatique géré par la
boite partait en sucette de manière dramatique. J’étais le seul à pouvoir
intervenir et ma boite voulait me sortir du projet ce qui a mis le constructeur
en colère puisqu’il exigeait que je termine un tas de trucs
Du coup, je me suis démerdé avec les deux projets et ça n’a
pas été de tout repos.
L’autre projet était toujours autour des distributeurs de pognon
mais avec des technologies que je ne connaissais pas du tout dans un
environnement qui m’était totalement inconnu. Il s’agissait de finir une
application pour les personnes en charge de gérer les machines dans un
environnement Windows avec je ne sais plus quel atelier logiciel imposé par le
client.
C’était jusqu’à mai 1996, environ. Outre le fait que j’avais
réussi à terminer le projet, j’avais apporté des améliorations considérables au
logiciel, notamment dans les performances par rapport aux demandes initiales
(un des traitements duraient 15 minutes avant mon intervention, j’avais réussi
à le faire passer au dessous des 10 secondes). Le client était bien content et
c’est donc naturellement qu’on a été retenu pour faire une grosse évolution.
Par contre, pour une raison que j’ai oubliée, les
développements devaient être faits dans les locaux de la SSII que je n’avais
pas fréquentés depuis fin 93, sauf pour les pots (ceux que je ne séchais pas). Lors
de la crise, la boite avait fermé la moitié de ces bureaux, il ne restait plus
que quelques personnes au siège : le commercial, le big
boss, la secrétaire générale et la secrétaire tout court… La femme du patron
passait à l’occasion (elle était chargée de la paye) de même que les « anciens »
et les actionnaires.
J’avais donc mon bureau à côté de celui du bigboss, qui m’avait à la bonne (voir les autres billets). Cet
épisode nous a encore plus rapprochés, créant de la jalousie de beaucoup monde.
Surtout, j’étais parfois invité à diner « en famille »…
Ca m’a permis aussi de me rapprocher du commercial qui était
là depuis peu (c’était un consultant de la boite depuis 4 ou 5 ans qui avait
proposé de remplacer un commercial démissionnaire). Nous avons sympathisés
(nous sommes toujours potes, c’est la seule personne de l’époque que je vois
encore à l’occasion) et, surtout, on a beaucoup bossé ensemble sur des machins
commerciaux ou du recrutement pendant les huit ou neufs années qui ont suivi.
La première personne que j’ai eue à recruter était justement
pour ce projet de développement. Il me fallait quelqu’un avec des compétences
techniques spécifiques. La direction m’avait à peu près laissé carte blanche et
c’est une excellente recrue que j’avais prise (ce qu’on a su après, bien sûr).
D’ailleurs, on est aussi devenus potes. Il avait 25 ans et débarquait dans la
vie active, je lui servais un peu de tuteur et, surtout, la boite étant fermée
en aout, nous étions seuls dans les locaux. Le soir, on partait souvent boire
des bières avec sa compagne, chez lui ou à la Comète. Quelques années plus
tard, ils sont devenus très potes avec un copain à moi mais j’ai perdu tout le
monde de vue, con comme je suis…
Je m’en suis sorti. Nous voilà à septembre ou octobre 1996,
date à laquelle les aléas des missions ont fait que j’arrêté le développement
informatique pour d’autres missions, ce que j’ai raconté dans un autre billet.
Vers mai 1998, mon patron a fini par vendre son petit
cabinet de conseil à un groupe de 7 ou 800 salariés. Mon chef est devenu le
commercial avec qui j’étais pote. Un peu après, le nouveau grand patron a vendu
ses parts dans la société à un groupe mondial et en est devenu le patron
Européen.
Ce grand groupe a fini par aller assez mal.
Le « patron Européen » a fini par se barrer, fin
2000, pour créer sa propre boite en rachetant quelques « business units ». Nous nous sommes
barrés, à 8, dont mon chef, pour créer une nouvelle boite qui a fini par être
rachetée par la nouvelle boite du « patron Européen » dont nous
étions « actionnaire au nominal » (on a acheté les actions avant qu’elles
soient cotées en bourse).
Fin 2006, mon copain qui était le chef a fini pour se barrer
à nouveau pour créer une nouvelle boite. Je n’étais pas satisfait des
remplaçants successifs. C’est vers novembre 2006 que j’ai compris qu’ils n’avaient
en tête que de nous faire bosser non pas pour gagner des sous mais pour avoir
une entité vendable… ce qui a été fait à cette époque.
J’étais très déçu d’apprendre ça en regardant des nouvelles
de ma boite, dont j’étais actionnaire. Par ailleurs, le changement de boite s’est
assez mal passé, à cause de l’ancienne, d’ailleurs (j’ai passé un tas de temps
à résoudre des problèmes administratifs avec les clients…).
J’ai été très déçue par celle qui est devenue ma chef,
quelques semaines après l’intégration dans le nouveau groupe et je n’étais pas
spécialement adapté au mode de fonctionnement de la nouvelle boite (l’organisation
était pas client, pas par métier. Du coup, on n’était plus rattaché à un chef
qui faisait du commercial « dans le métier », mais à un commercial
sans pouvoir et à un chef qui ne connaissait pas ce qu’on faisait). Les « consultants
séniors » (ben oui, j’avais 40 ans…) n’étaient plus intégrés au
fonctionnement de la boite : recrutement, commercial, … alors que j’en
avais fait beaucoup depuis 1996.
Tout ça a évolué et s’est bonifié mais ma décision était
prise : il fallait que je parte. Je ne l’ai pas fait immédiatement parce
ma chef a été remplacée par un jeune type sympa qui avait l’air à l’écoute et
semblait vouloir réellement s’appuyer sur les consultants séniors…
Néanmoins, quand j’ai eu une opportunité, j’ai sauté sur l’occasion
et j’ai à nouveau changé de métier, à 42 ans, après 21 ans de bons et loyaux
services au sein de boites de consulting. Ca va faire quatre ans.
Ah oui, quand même, ça en fait du bagages et "des" bagages (à faire). C'est marrant de voyager comme ça dans une expérience professionnelle...
RépondreSupprimerEt il est où le drame, les filles et l'espionnage, là où tu as tout refilé aux japonais parce que tous ces chefs t'emmerdaient, à force ?
RépondreSupprimerCa manque un peu de cul toussa non ? (rires)
RépondreSupprimer@Dominique : ouh là ! ... mélanger le paf et le taf, ça se fait pas ! ... Sinon tu vois ce qu'il arrive ... comme à DSK ... un zizigate ! ...
RépondreSupprimer@ Nico ... Je comprends pourquoi tu as eu envie d'en faire un roman ... y a matière ! ...:)))
RépondreSupprimerMHPA, Dominique,
RépondreSupprimerPas de cul ! Je suis très pro...
Apo,
Et encore, j'ai allégé !
Trop long billet.
RépondreSupprimersmiley
RépondreSupprimerEn plus tu modères ...
RépondreSupprimerPas ma consommation.
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