J’ai déjà raconté comment 1996, l’année de mes trente ans, a
été un tournant dans ma vie puisque c’est cette année là que j’ai franchi le
pas : je suis rentré à la Comète et j’ai commencé à avoir une vie sociale
dans le quartier. Avant, pendant presque trois ans, j’utilisais mon appartement
comme un dortoir et je rentrais en Bretagne tous les week-ends. Je sortais
parfois, même souvent, dans Paris avec des vieux copains de Bretagne échoué
comme moi en région Parisienne, parfois avec ma sœur et mon beauf qui
habitaient dans le quartier. Je recevais parfois du monde chez moi… mais je ne
connaissais personne à Bicêtre.
J’ai déjà raconté aussi d’autres trucs sur cette année, mais
très rarement que j’ai carrément changé de métier sans changer d’employeur.
Auparavant, je faisais du développement informatique pour des logiciels autour de ces machines où l’on retire du
pognon avec une carte, chez les banquiers ou chez les fabricants de ces
machins. A la sortie de l’été 1996, le commercial de l’époque m’a trouvé une mission
qui n’était pas du développement informatique. Je devais mettre en place des
outils pour agréer les systèmes de paiement de films (ou autre) en ligne, par
carte mais sans saisie de code, sur les décodeurs Canal+ dans un organisme
regroupant toutes les grandes banques et de fil en aiguille pour agréer les
serveurs qui géraient les Minitels équipés de lecteurs de cartes à puce. A
cette époque, on commençait à imaginer les lecteurs de cartes pour connecter à
PC.
Je n’avais pas commencé ce billet pour raconter la suite
mais, tant que j’y suis… A cette époque, les banques de nouvelles normes pour
les terminaux de paiement chez les commerçants. Il s’agissait de préparer le
passage à l’Euro et un tas d’autres trucs (dont je ne peux pas parler même si
ce n’est pas spécialement confidentiel, je suppose qu’en cherchant « Histoire
de la monétique » dans Google, vous trouveriez toutes les informations). Je
m’occupais donc de la mise en place de l’agrément des systèmes de paiement avec
des lecteurs de cartes sur des terminaux à distance (décodeurs Canal+, Minitel
et PC) mais je passais beaucoup de temps à glandé, le marché n’étant pas
spécialement agité. Canal avait ses décodeurs, le Minitel était mourant et le
paiement par Internet a évolué de manière différente de ce que souhaitaient
certaines banques à l’époque. Je filais donc un coup de main aux collègues qui
s’occupaient du paiement sur les TPE. J’avais ainsi la modeste tâche de relire
toutes les specs (des milliers de pages) pour tout
vérifier et de compléter certaines parties sans avoir un rôle officiel. J’étais
là pour une mission sans boulot, on m’occupait à autre chose. C’est ainsi que
je suis devenu un spécialiste de tous les domaines d’acceptation « physique »
de cartes bancaires…
Peu après, un de mes anciens commerciaux, dans ma SSII, est
arrivé pour intégrer l’équipe en charge des distributeurs de pognon de cet
organisme interbancaire et m’a repéré. Il savait que je connaissais ces
machines et j’ai fini par bosser pour lui. Je racontais l’autre jour comment j’avais
fait du reporting auprès de la Banque de France et du
Ministère des Finances pour le passage à l’an 2000 puis pour la préparation du
passage à l’Euro, c’était là. Dans les mêmes eaux, les banques françaises ont
adopté un nouveau standard international de cartes à puce. Comme j’avais
également beaucoup de temps libre (dans ces machins de normalisation
interbancaire, on passe beaucoup de temps à attendre la validation de documents
par des groupes de travails divers et variés), j’avais pu étudier les
spécifications faites par les américains. Du coup, j’étais un des premiers, en France,
et j’avais pu les adapter à notre propre réglementation et législation pour les
distributeurs de pognon. C’était au tout début du siècle…
Parallèlement à cette mission de fond dans cet organisme
interbancaire, ma société de conseil a pu me placer dans différentes banques,
généralement pour des missions autour des distributeurs, jusqu’à ce que je me
pose, en 2008. L’année où la Comète a changé de proprio pour la première fois
depuis que je fréquentais l’établissement. Comme quoi…
Voilà comment de fil en aiguille, je suis passé en quelques
années de développeurs de logiciels pour distributeurs à un autre métier,
indéfinissable… mais me permettant de voir un tas de domaines proches mais bien
différents sans avoir à plonger précisément dans la technique.
Mais c’est bien de l’année 1996 que je voulais parler en
rédigeant ce billet dont l’idée m’est venue en discutant avec un jeune
collègue. Pour vous dire à quel point il est jeune, je bossais avant qu’il soit
né. Avant de commencer à travailler pour gagner ma vie, j’avais pour principal
loisir la programmation au sein du club informatique du coin. A 14 ou 15 ans, j’y
étais formateur. La passion m’est venue de mon père qui avait créé ce club avec
un pote à lui. Ensuite, j’ai bossé pendant 8 ou 9 ans dans la programmation.
Ainsi, à trente ans, j’avais déjà une expérience en
développement de l’ordre de 17 ans… Ca me faisait rigoler vers 2000, au moment
où l’informatique marchait du feu de Dieu, des boites de conseil nous vendaient
des « consultants séniors » de 28 ans, sortis d’école à 25…
Mon jeune collègue me disait qu’il adorait faire du
développement, traîner dans la technique et me disait qu’il ne pourrait pas arrêter.
Alors je lui ai dit que si : il y a un moment où on se
trouve has been parce qu’on est poussés à bosser sur des technologies qu’on connaît
et on n’a pas le temps de se former aux nouvelles. Et au moment où on est amené
à le faire, on n’a plus nécessairement le courage de recommencer à zéro ou
presque, de se retrouver à demander des conseils à des gugusses qui sortent d’école,
à prendre des ordres de gugusses qui connaissent bien la technologie mais pas
du tout le métier.
J’espère que je ne l’ai pas déprimé.
Oui je confirme, quand on touche à d'autre chose, coder et coder toute sa vie, ça doit être déprimant. Tu as bien fait de changer de vie !
RépondreSupprimerCiao
Bah ! Ça fait quinze ans ! J'ai rechangé en 2008.
RépondreSupprimerSuis paumé, je croyais que tu bossais dans une usine à vélo :o)
RépondreSupprimerC'est pareil en gros.
RépondreSupprimerJe me serais bien fait suer à faire ça, même en changeant ... mais voilà, chacun ses vices ! ...:))))
RépondreSupprimerC'est chouette ce feed back ! ... Est-ce que tu nous couverais pas quelque chose ? ...^^^^
Bises
Mais non !
RépondreSupprimerOooooouuuuuuuuuuuuuufffffffffffffff
RépondreSupprimer...
En tous cas, cette invitation à se promener, en cayak, dans les calanques - ou fjords, pour les nordistes - de ta vie, c'est très joli ! ...
Bises
Oui, hein !
RépondreSupprimerDe bonnes rencontres aussi, surtout en 1999 boulevard Haussmann... Fred
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